5 Novembre 2018 / 5 Mai 2019
Collectif du 5 novembre – Noailles en colère
Compagnons Bâtisseurs Provence
Conseil Citoyen 1/6
Emmaüs Pointe Rouge
Fondation Abbé Pierre
Ligue des droits de l’homme
Marseille en colère
Un Centre Ville Pour Tous
6 mois après : Marseille toujours capitale du logement indigne !
Le 5 novembre 2018, huit personnes ont trouvé la mort dans l’effondrement de deux immeubles au 63 et 65 de la rue d’Aubagne dans le 1er arrondissement de Marseille.
Six mois après le drame, la situation est toujours critique pour les mal logés : plus de 2700 personnes ont été évacuées de leur logement, près d’un millier de personnes sont toujours hébergées à l’hôtel dans des conditions précaires en attendant des solutions de relogements dignes et adaptées, auxquels s’ajoutent plus de 100 000 personnes qui vivent toujours dans des logements indignes. Tout indique que la crise va s’étendre dans le temps et venir impacter durement l’ensemble de la chaîne déjà sous tension des solutions allant de la rue au logement.
Nos associations et collectifs – le Collectif du 5 novembre – Noailles en colère, les Compagnons Bâtisseurs Provence, le Conseil Citoyen 1/6, Emmaüs Pointe Rouge, la Fondation Abbé Pierre, la Ligue des droits de l’homme, Marseille en colère, Un Centre Ville Pour Tous – agissant auprès de personnes délogées appelons donc à un sursaut des pouvoirs publics dont la réponse a été jusqu’à maintenant bien insuffisante au regard de l’ampleur de la crise.
Nous demandons :
– La signature d’une charte de relogement impliquant l’Etat, la Métropole et la Ville avec des engagements permettant de garantir les droits des délogés, en particulier :
– Un hébergement stable et adapté pour l’ensemble des occupants évacués jusqu’au relogement, sans conditions ;
– La prise en charge des frais annexes notamment de l’alimentation pour les personnes ne pouvant cuisiner dans les lieux d’hébergement, et l’accès à un accompagnement global incluant une information, un soutien juridique pour faire valoir ces droits, un suivi psychologique etc. ;
– Le relogement adapté pour les ménages qui le souhaitent dans les meilleurs délais à proximité de leur ancien lieu de vie, de leur travail ou du lieu de scolarisation des enfants ;
– Pour les ménages qui souhaitent réintégrer leur logement après travaux : la systématisation du diagnostic à domicile avant la levée de l’arrêté de péril et la réalisation des travaux d’office le cas échéant pour mettre fin aux désordres, afin de garantir que personne ne soit contrainte de réintégrer un logement toujours dégradé. En attendant, un relogement temporaire pendant toute la durée de mise en conformité.
Nous déplorons la position actuelle de la métropole qui répond, au contraire de la ville et de l’Etat, qu’elle n’est pas concernée par cette charte de relogement quand de nombreux points comme les aides sociales aux délogés ou les travaux d’office relèvent désormais de son champ de compétences. Nous réitérons notre demande à la présidente de la Métropole de participer à l’élaboration de cette charte.
– La mise en place de mesures urgentes pour assurer le relogement des délogés sans mettre en concurrence les demandeurs, mal logés, sans logis, prioritaires DALO qui attendent un logement depuis longtemps :
– en réquisitionnant les logements vides et les locaux vacants appartenant à de grandes institutions publiques et privées ;
– en développant massivement l’offre d’intermédiation locative ;
– en mobilisant l’ensemble des réservataires de logements sociaux (Etat, Région, Département Métropole, Ville, Action Logement, bailleurs sociaux) ;
– en instaurant un moratoire sur les expulsions locatives, incluant celles des squats et des bidonvilles.
Enfin, à plus long terme, doit être déployée sur le territoire de la Métropole marseillaise une politique ambitieuse de lutte contre l’habitat indigne et d’offre de logements à loyers abordables, au service des habitants, passant par la concrétisation des engagements pris par l’Etat, la Métropole, la Ville au lendemain du drame en :
Luttant contre les causes profondes de l’habitat indigne qui peut fleurir en raison de l’absence de logements dignes et accessibles économiquement aux plus fragiles par :
– la réalisation massive de logements très sociaux (PLAI) en centre-ville et dans les arrondissements déficitaires (-de 25%) ainsi que dans les communes de la métropole carencées au titre de la loi SRU ;
– la mise en place de l’encadrement des loyers sur tout le territoire métropolitain.
Traitant efficacement les situations d’habitat indigne par :
– une vraie stratégie de repérage de l’habitat indigne et la réalisation de l’audit promis par le gouvernement;
– le renforcement des mesures incitatives et coercitives à destination des propriétaires;
– la création d’un service unique de lutte contre l’habitat indigne en fusionnant service de l’hygiène et service du péril, doté de moyens logistiques et humains supplémentaires pour suivre les procédures et réaliser les travaux d’office ;
– d’ambitieuses opérations de portage foncier et d’acquisition/amélioration en produisant du logement social en lieu et place des logements indignes ;
– d’importants moyens d’accompagnement technique, social et juridique des victimes de l’habitat indigne, pour leur apporter, sans conditions de statut, la protection de leurs droits à un logement digne et décent.
Signataires :
Collectif du 5 novembre – Noailles en colère
Compagnons Bâtisseurs Provence
Conseil Citoyen 1/6
Emmaüs Pointe Rouge
Fondation Abbé Pierre
Ligue des droits de l’homme
Marseille en colère
Un Centre Ville Pour Tous