Conseil européen: Les 27 approuvent l'Union pour la Méditerranée 16.03.2008 source EURO ACTIV
Les dirigeants européens ont donné leur feu vert au compromis auquel sont parvenus le président français, Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel, concernant la création d’une « Union pour la Méditerranée ». Cette initiative vise à améliorer les relations de l’UE avec ses voisins de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.
Contexte:
Les relations de l’Europe avec ses voisins non européens de la Méditerranée ont jusqu’ici été traitées dans le cadre du processus de Barcelone, qui concerne l’Algérie, l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, l’Autorité palestinienne, la Syrie, la Tunisie et la Turquie. La Libye a, pour sa part, un statut d’observateur.
Le budget européen prévoit d’investir environ 16 milliards d’euros en faveur de la coopération avec les pays méditerranéens non européens jusqu’en 2013.
Enjeux :
La nouvelle Union se concentrera principalement sur les domaines suivants :
- L’amélioration de l’approvisionnement énergétique ;
- La lutte contre la pollution de la Méditerranée ;
- Le renforcement de la surveillance du trafic maritime et la « coopération en matière de sécurité civile » ;
- La création d’un programme d’échange Erasmus méditerranéen pour les étudiants
- La création d’une communauté scientifique entre l’Europe et ses voisins du Sud.
A l’origine, Nicolas Sarkozy avait envisagé la nouvelle Union comme un club exclusif, impliquant uniquement les pays méditerranéens de l’UE et ses voisins, et non l’ensemble de l’UE.
Mais cette proposition a suscité de vives critiques, particulièrement de la part de l’Allemagne, qui craignait que le plan ne divise l’UE, la nouvelle Union devenant un rival de l’Europe.
La France est finalement revenue sur sa proposition initiale en permettant aux 27 Etats membres de l’UE de participer à cette initiative Euroactiv 05/03/06.
Elle a également accepté de modifier le titre original d’ « Union méditerranéenne » en « Union pour la Méditerranée » afin d’apaiser les craintes que la nouvelle alliance ne devienne un rival de l’UE.
L’Allemagne a également obtenu gain de cause sur le financement des projets émanant de cette Union. Seuls les fonds alloués dans le cadre du processus de Barcelone lui seront attribués.
Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il avait l’intention de chercher des sources de financement supplémentaires auprès du secteur privé, espérant obtenir jusqu’à 14 milliards d’euros.
Un autre élément du compromis concerne la structure de gestion de l’Union, qui sera composée de deux directeurs chargés de coordonner la coopération entre l’UE et les pays partenaires. Un directeur proviendra d’un Etat membre de l’UE et l’autre d’un pays non européen de la Méditerranée.
Ils seront tous les deux nommés pour deux ans, soutenus par un secrétariat de 20 personnes, et seront établis dans une ville du sud de l’UE qui reste encore à déterminer. Les villes de Barcelone et de Marseille ont été citées, selon Nicolas Sarkozy, qui nie avoir approuvé le choix de la ville française.
L’accord prévoit également des sommets bi-annuels entre l’UE et ses pays partenaires. Les nations du sud de l’UE présideront les premiers sommets de la nouvelle Union, un fait analysé comme une victoire partielle pour Paris.
Positions:
Le président français, Nicolas Sarkozy, a salué l’accord en affirmant que « l’Europe ne tourn[ait] plus le dos à l’Union méditerranéenne ».
Il a rejeté les critiques selon lesquelles il avait planifié l’Union comme un projet exclusivement français, affirmant qu’il n’avait pas en tête d’exclure les Etats européens et qu’il n’avait jamais considéré cette Union comme un rival de l’UE. Cependant, il a admis qu’un compromis devait être trouvé avec les pays de l’UE qui ne sont pas situés dans la région et qu’il comprenait parfaitement que ceux-ci veulent être impliqués. M. Sarkozy a remercié Mme Merkel pour son soutien à l’Union et s’est réjoui qu’elle défende ce projet et que ceci constitue la preuve du bon fonctionnement de l’axe franco-allemand.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a expliqué pourquoi elle approuvait finalement la création d’une nouvelle Union en reconnaissant que le processus de Barcelone ralentissait et avait besoin d’être revitalisé. Elle a aussi ajouté qu’il était nécessaire pour l’Union d’avoir plus de poids politique et d’être mieux soutenue par les Etats membres. Malgré son accord, elle n’a pas encore décidé si elle participerait au sommet pour la création officielle de l’Union, qui doit avoir lieu à Paris le 13 juillet en présence de tous les membres.
Le président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering, a déclaré qu’il était important qu’une Union méditerranéenne, quelle que que soit sa forme, renforce et fasse avancer le processus de Barcelone. Selon lui, il est hors de question d’établir une Union, qui serait en concurrence avec le processus de Barcelone ou qui aurait même sa propre structure institutionnelle. Il a ajouté que tous les Etats membres et toutes les institutions de l’UE devaient être impliqués dans ce processus, et que ceci impliquait naturellement le Parlement européen.
Selon le premier ministre slovène, Janez Jansa, dont le pays préside l’UE actuellement, il est maintenant question de faire le nécessaire pour que ce projet voie le jour. Interrogé sur l’avenir du processus de Barcelone, il a déclaré qu’il n’était pas question de l’enterrer, de repartir de zéro. Il s’agit simplement de le remettre à jour, a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Les temps ont changé, il faut s’adapter ».
Le chancelier autrichien, Alfred Gusenbauer, a exprimé son inquiétude face à l’absence de consultation des petits Etats membres. « Ce qui compte pour eux n’est pas de se retrouver autour d’un barbecue réservé à quelques Etats membres », a-t-il déclaré.
Michael Emerson du Centre des Etudes politiques européennes (CEPS) considère le nouveau projet comme une opportunité de rationaliser et de revitaliser les politiques actuelles de l’UE envers l’Union méditerranéenne, qui est pris dans un contexte léthargique laborieux.
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