Le scénario du sommet social convoqué mercredi par le président Nicolas Sarkozy au Palais de l'Elysée semble dans une large mesure écrit d'avance.
Le Medef a fermé mardi la porte aux hausses de salaires réclamées par les syndicats, qui brandissent de leur côté la menace de grèves et de manifestations pour les obtenir.
Mais, pour le député UMP Frédéric Lefebvre, les syndicats savent qu'ils n'auront gain de cause ni sur cette question ni pour leur demande d'abrogation de la loi travail-emploi-pouvoir d'achat, qui exonère de charges les heures supplémentaires.
"Quand ils demandent une augmentation du smic, ils savent eux-mêmes que c'est porteur de difficultés", a dit à Reuters le porte-parole de l'UMP. "Et quand ils demandent la suppression de la loi Tepa, ils savent bien que c'est impossible."
Trois semaines après les manifestations du 29 janvier, qui ont rassemblé un à 2,5 millions de personnes, Nicolas Sarkozy s'efforcera néanmoins de donner du "grain à moudre" aux cinq centrales syndicales invitées - CGT, CFDT, FO, CFTC et CGC.
Selon le ministre des Relations sociales Brice Hortefeux, le gouvernement entend "tout mettre en oeuvre pour préserver l'emploi", porter une attention particulière aux plus fragiles, dont les jeunes, et adresser un "signal" aux classes moyennes.
Seraient notamment envisagées une prime pour les jeunes chômeurs, une hausse de l'indemnisation du chômage partiel et la distribution de chèques emploi-service payés par l'Etat aux personnes âgées et aux femmes seules avec enfant.
Pour les classes moyennes, Brice Hortefeux a évoqué des "pistes" en matière de fiscalité et de politique familiale.
Le 5 février, Nicolas Sarkozy avait évoqué la suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu ou du versement du deuxième tiers provisionnel pour deux millions de contribuables, la deuxième hypothèse ayant la préférence de Bercy, ainsi qu'un coup de pouce aux allocations familiales.
Parallèlement, le lancement de négociations sur des mesures plus lourdes devrait être annoncé. Le gouvernement pourrait reprendre à son compte des propositions des syndicats, comme une réflexion globale sur la fiscalité ou la création d'un fonds d'investissement social pour former les chômeurs.
"COUP D'ÉPAULE"
Autre sujet de discussion à moyen terme qui devrait avoir l'aval des centrales syndicales : le rééquilibrage du partage des profits des entreprises en faveur des salariés.
Enfin, un "Comité de suivi de la crise" piloté par Brice Hortefeux ou par le Premier ministre François Fillon pourrait être mis en place, selon un membre du gouvernement.
En revanche, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a jugé "irréaliste" une augmentation du salaire minimum qui mettrait en péril des entreprises fragilisées par la crise.
La présidente du Medef, Laurence Parisot, a de son côté rejeté toute hausse exceptionnelle - "Une hausse excessive du smic, c'est la garantie de la mise au tapis de dizaines de PME" - ou l'avancement de la date de revalorisation du smic.